DANGER
Celui qu'il était venu sauver était mort.
Horriblement mort.
Et il y avait à la place une salle pleine de mourants qui le
suppliait de les sauver.
Comme si HD était bon et secourable envers les canards
aveugles et boiteux et les petites filles infirmes et orphelines.
Tout ceci méritait réflexion.
Mais dans ce genre de situation, dès que l'on se met à
réfléchir et penser, on se retrouve devant une montagne de complication qui
prennent la place des vos idées simples.
Les prisonniers étaient si sales qu'il était difficile de
savoir qui était qui. Il le demanda donc.
On lui dit qu'il était mort.
Ils avaient mal compris la question.
Ils auraient pu lui dire qu'ils étaient tous morts ce qui
aurait été effectivement exact. Ils n'étaient en ce moment qu'à une étape
provisoire de l'état de fantôme.
On ne vivait pas longtemps ici. Cet antre à maniques qui
croient encore que la torture fonctionne. Pathétique.
Celui qu'il était venu chercher était mort. Il était donc
venu pour rien.
HD ne cessait de se répéter cette évidence qui ne lui
servait à rien mais il fallait qu'il se reprogramme. Des idées et des concepts
conflictuels se parasitaient mutuellement dans son esprit.
À la place, il avait trouvé tout un tas de prisonniers
encombrants.
HD pouvait les laisser là.
C'était nécessaire à sa propre survie. Il ne pouvait prendre
en charge tous les malheurs du monde.
Ce monde qui ne cessait de produire avec exaltation sans
cesse de nouveaux malheurs ou atrocités.
Penser.
HD devait penser.
Mais après avoir pensé, le plus compliqué était à venir.
Agir.
HD leur ordonna de cesser de pleurer.
Certains avaient cru qu'il venait pour les tuer.
Alors qu'ils étaient dans un abattoir. Et étaient -
conceptuellement - déjà morts.
La stupidité s'étendait et devenait contagieuse.
Il leur dit qu'il allait les sauver mais pas tous.
Voilà, HD allait les sauver.
Ce qui était intellectuellement absurde parce qu'il n'était
nullement prouvé qu'il pourrait se sauver lui-même, seul.
Mais
Mais s'il les laissait là et s'en sortait avec de la chance,
il y penserait pour le reste de ses jours.
Ce qui lui était déjà arrivé.
La mort était une chose simple.
C'est seulement la vie avant la mort qui est compliquée.