OS DU SQUELETTE HUMAIN : 206

_____________________________________________________________________________________

2.27.2015

CADAVRE 13. LA MORT EST SI PROCHE. PLUS PROCHE QUE VOUS NE PENSEZ


_________________________________________________________________
 
DANGER


Droit devant

S’en aller

Ne pas regarder en arrière

L’antre de l’atroce

Quelle bête informe dans le fond de son antre puant

Sa puissance élémentaire

Parfois, HD regardait en arrière la petite foule de suppliants

Au travers de ce labyrinthe enroulé sur lui-même

La curieuse sensation d’entrer dans la douleur et de s’y joindre

Et sensation tout aussi curieuse de ressortir de la douleur, de s’en séparer, de prendre ses distances

Le pouvoir de sidération de ces images vivantes

La tentation

Et les tentations de la paralysie et de la tétanisation

Il fallait résister à cette fatigue et ce découragement

S’en séparer, se l’arracher

Par curiosité ouvrir une porte fermée

Encore une fois derrière la porte fermée tout juste ouverte

La brutalité des faits

L’évidence

Ce corps qui se tord

Un autre

On ne peut rien faire car il y aurait trop à faire

Le cauchemar est proche. Trop proche. Il faut encore aller plus loin.

Les images vues s’incrustaient dans la tête

Des cris, des corps  ou tendus ou tordus ou pris de contorsion

Un paquet suintant et hurlant de muscles entrouverts, d’os exposés à l’air sale et d’organes ouverts. Ce qui ne devait pas être vu.

Une cruauté clinique avec une atmosphère d’étable, d’abattoir et d’égout

Des escaliers étroits et raides et des corridors improbables remplis de portes creusant des murs rugueux, étroits et bas

Où on décortiquait le corps des femmes

On s’acharnait sur leur esprit qu’on extrayait par la gorge

Une culture du viol

Passé au stade industriel

Des procédures savamment rodées et des dispositifs techniques métalliques où on faisait parfois usage de plastique et de verre

Comme trancher ou pénétrer ou extraire quelque chose

Le réalisme le plus total

Des traînées de sang coulent sous les portes, grimpant sur les murs et les plafonds

Une froide lucidité

Quelque chose d’exact et de tranchant

Si simple

HD gardait ses distances avec tout ceci

Pas de sentiment ni d’émotion

Une machine à marcher, monter les marches, ouvrir les portes, aller en avant. Et exécuter les gardes inattentifs qui ne se virent même pas mourir.

On est si peu vivant et on meurt si vite qu’il faudrait manipuler sa vie avec précaution

On est très imprudent avec sa vie et celle des autres.

Et on oublie que la vengeance et la juste récompense de ses efforts immondes peuvent survenir.

Un autre soldat gardant son mur de béton eut la gorge tranchée. 

La tentation diabolique 

Résister à cette tentation. 

Et comme prévu 

Trop de marches.

HD en tua 3 autres.

*

Nombre de morts: 3 ou 4

*

État 1. 27 février 2015

*


Idée de base et quelques mots de :

L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux (citation liminaire d'Eschyle)
Conversation avec Francis Bacon avec Franck Maubert

Éditions MILLE ET UNE NUITS. 
Division de la Librairie Arthème Fayard 2009


2.24.2015

DANGER 12


DANGER


HD s'adressa au groupe des survivants.

Résumant ce qui venait de se passer.

Les bourreaux étaient morts. Juste châtiment de leurs actions.

Ne pourrait venir que les gens capables de se tenir debout et de marcher seuls. Chacun pour soi.

Il ne pouvait laisser personne de vivant derrière. Et tous comprenaient à ce moment ce qui leur arriverait s'ils restaient.

Leur enfer recommencerait.

On essayerait de leur faire avouer le nom du dieu vengeur et comme ils ne le connaissaient pas et ne l'avaient jamais vu, leur cauchemar durerait jusqu'à leur mort atroce. Car jamais on ne le croirait

Et, peut-être qu'on inventerait de nouvelles perversions physiques et intellectuelles

Les blessés - il y avait des jambes cassées - comprenaient qu'ils ne pourraient suivre les autres. Et acceptaient déjà leur mort.

Ils auraient préféré suivre les autres mais au moins ils n'auraient plus à subir tout ça. Ils seraient délivrés comme la jeune femme atrocement mutilée.

Et sa soeur malheureusement décédée subitement

Ceux qui avaient des blessures au haut du corps suivraient comme ils pourraient.

HD exécuta les blessés et les mourants.

Et les désespérés.

Et le petit groupe de mourants tenta sa chance dans les corridors

*

Nombre de morts: 5

DANGER 11

_________________________________________________________________ 
DANGER


Un homme dans le groupe des prisonniers lui dit qu'il allait le dénoncer dès qu'ils serait sorti d'ici. C'était inqualifiable.

Il avait abattu les gardes dans le dos sans leur demander de se rendre - ce qui était probablement illégal et injuste. Et les gens sans arme qui s'étaient réfugiés sous les tables.

Un bourdonnement d'idées, de mots et de concepts absurdes dans ce lieu puant

HD avait tiré les homme du laboratoire dans le dos parce que c'était simple. Comme il avait poignardé les gardes dans le dos.

Parce que c'était simple.

Et il n'allait pas attendre que les autres trouvent des armes dans le but d'une joute chevaleresque juste et équitable.

Ils n'avaient qu'à ne pas se trouver là.

Et toute personne qui se trouverait là et qui ne serait pas un prisonnier, mourrait. 

La seule chance qu'elle aurait serait de ne pas se trouver sur sa  route et qu'il soit d'humeur moyenne - ce qui leur vaudrait une morte rapide. Et non une agonie interminable comme le bourreau et le médecin. Dont il avait fait sauter les couilles d'une rafale.

Mais le fou maigre et délirant défendait les morts

Ce genre d'attitude l'avait probablement amené ici. Et il ne comprenait pas encore sa situation.

HD allait le sauver pour qu'il puisse ensuite se venger.

Tout à fait illogique.

HD le tua.

*

Nombre de mort: 1

DANGER 10

_________________________________________________________________ 
DANGER


Ensuite, il tua sa soeur. En l'égorgeant. De façon à économiser ses balles. Puisque le M16 n'avait qu'un chargeur.

Très peu de sang coula parce qu'elle en contenait peu - elle avait été saignée si souvent


Et parce que la lame de son couteau était d'une perfection admirable

*

Nombre de morte: 1

DANGER 9

_________________________________________________________________ 
DANGER


Pourquoi?

Mais les humains font ça depuis une éternité.

Ils aiment faire souffrir.

Sa mort serait une libération.

Sa soeur comprit vite.

Et n'était pas d'accord.

HD lui expliqua encore qu'on ne pouvait emporter la mourante. Et encore. Qu'il ne pouvait la laisser vivre. Pour qu'on recommence à la traiter encore.

Il ne pouvait pas davantage laisser les 2 soeurs ensemble. Les gardiens reviendraient. Et elle les dénoncerait.

Elle l'avait vu.

L'avait écouté.

Reconnaîtrait sa voix.

Ou donnerait des indices suffisants pour que des gens sachent qui il était. Peut-être.

Elle jura ne pas le faire.

HD lui expliqua le choix qui lui restait.

Il ne pouvait s'encombrer de sa soeur. Ni laisser là, seule - en relatif bon état - si on n'était pas trop difficile - là

Elle lui demanda comme si c'était le temps d'un jeu questionnaire s'il savait ce qu'on lui avait fait.

Quoiqu'elle lui dise, il savait tout ça

Mais elle tint à lui dire qu'elle avait été violée. Comme sa soeur. Et toutes les autres femmes de la boite de béton.

Rien de nouveau. C'était la procédure habituelle pour assouplir les femmes.

Il lui dit qu'elle n'avait qu'à ne pas naître dans ce monde.

Il lui dit qu'elle n'avait qu'à ne pas être femme.

Elle lui cracha dessus.


Et il l'abattit.

*

Nombre de morte: 1

DANGER 8

_________________________________________________________________ 
DANGER


La soeur qui criait essayait de libérer la soeur qui était attachée.

HD lui dit qu'elle ne pouvait pas l'amener. Elle était trop faible pour traîner une handicapée dans les escaliers.

L'infirme ne pourrait se déplacer seule et encombrerait tout le monde.

Et diminuerait les chances de survie de chacun et du groupe par sa seule présence.

Il faudrait 2 hommes pour la porter.

Il y avait des hommes qui s'offraient pour la transporter.

Mais ils étaient maigres et n'avaient pas mangé depuis longtemps. Il n'était pas sûr qu'ils réussissent.

Il n'était même pas certain que chacun d'entre eux pourrait se porter lui-même. L'esprit ne suffit pas ni la volonté non plus à traîner des chairs et des os.

Il en résulterait un convoi de naufragés qui

Idée absurde

HD avait descendu des escaliers

Des escaliers avec des tas de marches

Et il faudrait que tous ces mourants montent d'eux-mêmes tous ces escaliers et toutes ces marches.

HD vit les images de cette idée absurde.

Mais comme la vie et la mort lui était indifférente, il trouva l'idée de se battre une dernière fois amusante.

Amusante était le mot.

Cette situation amusante lui procurerait un certain nombre d'émotions.

Mais la réalité

Parce que la réalité

HD ne pouvait guider tout le monde, les protéger - où sortir de ce piège à rats ? - et faire l'infirmier.

Il l'expliqua.

N'avait pas le temps d'expliquer et de commenter davantage.

Mais il est difficile de communiquer par la pensée.

Si on ne veut pas vous croire que faire?

Quant à convaincre

La femme sur la table était presque morte. Si elle survivait - on ne savait pas encore comment - et comment on allait procéder pour l'extraire de cet endroit et l'emmener ailleurs où elle survivrait difficilement - comme toutes les victimes, si elle guérissait de ses blessures physiques, elle ne guérirait jamais de ses blessures mentales. 

Dans le genre: pourquoi moi ?

Le reste de ses jours à agoniser dans ses cauchemars.


DANGER 7

_________________________________________________________________ 
DANGER


Celui qu'il était venu sauver était mort.

Horriblement mort.

Et il y avait à la place une salle pleine de mourants qui le suppliait de les sauver.

Comme si HD était bon et secourable envers les canards aveugles et boiteux et les petites filles infirmes et orphelines.

Tout ceci méritait réflexion.

Mais dans ce genre de situation, dès que l'on se met à réfléchir et penser, on se retrouve devant une montagne de complication qui prennent la place des vos idées simples.

Les prisonniers étaient si sales qu'il était difficile de savoir qui était qui. Il le demanda donc.

On lui dit qu'il était mort.

Ils avaient mal compris la question.

Ils auraient pu lui dire qu'ils étaient tous morts ce qui aurait été effectivement exact. Ils n'étaient en ce moment qu'à une étape provisoire de l'état de fantôme.

On ne vivait pas longtemps ici. Cet antre à maniques qui croient encore que la torture fonctionne. Pathétique.

Celui qu'il était venu chercher était mort. Il était donc venu pour rien.

HD ne cessait de se répéter cette évidence qui ne lui servait à rien mais il fallait qu'il se reprogramme. Des idées et des concepts conflictuels se parasitaient mutuellement dans son esprit.

À la place, il avait trouvé tout un tas de prisonniers encombrants.

HD pouvait les laisser là.

C'était nécessaire à sa propre survie. Il ne pouvait prendre en charge tous les malheurs du monde.

Ce monde qui ne cessait de produire avec exaltation sans cesse de nouveaux malheurs ou atrocités.

Penser.

HD devait penser.

Mais après avoir pensé, le plus compliqué était à venir. Agir.

HD leur ordonna de cesser de pleurer.

Certains avaient cru qu'il venait pour les tuer.

Alors qu'ils étaient dans un abattoir. Et étaient - conceptuellement - déjà morts.

La stupidité s'étendait et devenait contagieuse.

Il leur dit qu'il allait les sauver mais pas tous.

Voilà, HD allait les sauver.

Ce qui était intellectuellement absurde parce qu'il n'était nullement prouvé qu'il pourrait se sauver lui-même, seul.

Mais

Mais s'il les laissait là et s'en sortait avec de la chance, il y penserait pour le reste de ses jours.

Ce qui lui était déjà arrivé.

La mort était une chose simple.


C'est seulement la vie avant la mort qui est compliquée.

DANGER 6

_________________________________________________________________ 
DANGER


Les autres personnes autour de la table moururent plus rapidement.

Certains avaient eu le temps de se réfugier dans les recoins comme des coquerelles assailli par la lumière.

HD avait commencé par les hommes armés. Les autres étaient moins importants.

Mais ils devaient mourir eux-aussi.

Pour le simple fait de s'être trouvé là. Dans ce lieu immonde. Faisant des choses immondes ou laissant faire des choses immondes.

Pour toutes ces abominations qui offensent la nature, le ciel et la mer, le dieu vengeur arracheraient leurs membres un à un. 

Y compris le médecin et l'infirmière.

Il y avait aussi la vermine habituelle.

Agent du Mossad, CIA, Mi6.

Il fouilla les cadavres empilés les uns sur les autres comme s'il leur était possible de fuir. Trouva des papiers d'identité. Et le nom du propriétaire de ces démons.

Une fois les vivants morts. Il acheva le bourreau démontrant sa clémence car cette vermine aurait du subir un châtiment éternel.

Mais le châtiment éternel lui cassait les oreilles. Même Satan a besoin de silence dans son Enfer. Ce qui fait que les descriptions des tourments et tortures de l'Enfer réservés au pécheurs - amoureusement lettrés et gravés par les meilleurs artistes et artisans dans de grands livres aux grandes images - n'étaient que les doubles alanguis des instruments utilisés par les prêtres et les avocats humains. Leurs rêves et leurs perversions coupables démultipliés. Ce qui en disait déjà beaucoup sur l'esprit de ces gens.

Bref, l'Enfer n'existait pas. Parce que Dieu et son frère le Diable étaient bons et justes contrairement à leurs enfants humains. Et qu'une souffrance éternelle en punition de quelque chose qu'il était impossible de ne pas faire était absurde. Les méchants ne méritaient que l'oubli, la disparition et le rien. Ils n'auraient que brièvement existé.

Bref, l'Enfer n'existait pas dans les Cieux.

Mais les humains étaient parfaitement capables et l'avaient démontré tant de fois de réinventer les multiples enfers ici-bas.

Comme ici.

Il s'approcha de la femme sur la table étendue dans son propre sang et son urine

Il y eut un autre cri.

Encore une jeune femme. Qui avait cru qu'il lui voulait du mal.

Une des voix des personnes mêlées dans des chaînes dans le fond du mur gauche. On voulait qu'ils regardent.

Pour qu'ils sachent ce qui allait leur arriver une fois que ce serait leur tour.

Ce qui compliquait la suite des événements.

La victime était intransportable.

Il ne restait plus qu'à l'achever.

Ce qu'avait très bien compris l'autre jeune femme qui dit être sa soeur et qui demanda ce qu'il voulait faire alors que c'était évident.

Il ne pouvait la transporter et elle ne pourrait se déplacer par ses simples moyens. Il ne pouvait la laisser ici, les chiens reviendraient remplacer les morts dès qu'ils comprendraient que quelque chose d'inhabituel s'était passé.

La personne qu'il cherchait n'était pas là.

Il appela son nom.

Et une presque voix d'homme lui répondait que la personne qu'il était venu chercher était morte.

Comme tant d'autres avant lui.

HD était donc venu pour rien.

HD avait donc fait tout ceci pour rien.

Il ne restait donc plus à HD qu'à s'en aller - s'il le pouvait encore - bientôt, en toute logique, quelqu'un quelque part trouverait un des cadavres qu'il avait laissé tout au long de sa route et déclencherait l'alerte. Il était facile de suivre ses traces. Une suite de morts de 200 livres était difficile à dissimuler ce qui avait fait qu'il n'avait même pas essayé. Car son temps était limité.

Temps entre sa marche vers sa cible inconnue.

Temps depuis sa cible enfin découverte jusqu'à la sortie ou l'entrée qu'il avait utilisée ou une autre si elle était devenue inutilisable.

Tout ceci était absolument logique.


Il aurait fallu compter les minutes mais ceci ne servait à rien parce que lorsqu'on va vers l'inconnu il est tout à fait normal de découvrir de l'inattendu qui fout tout à fait en l'air toute forme d'horaire et de programmation.

DANGER 5

_________________________________________________________________ 

DANGER


HD aurait pu avoir toutes ces idées dans un bref instant ou ces idées auraient pu flotter dans les airs suite à la retransmission d'une émission de radio historique et sérieuse.

Il était surprenant comment un homme pouvait hurler lorsque tout son corps se transformait en organe de hurlements.

HD le regarda se débattre au milieu des morts sans émotion particulière.

Il avait mérité son sort.

Mais tout ceci devenait déplaisant et on ne s'entendait plus penser.

Il voyait bien les gens sales et suintant tout autour qui lui parlait ou essayait mais il ne comprenait rien.

À cause des hurlements du démon.

HD n'aimait pas faire souffrir inutilement. Une mort rapide était plus efficace.

Mais cet homme en train de hurler avait eu la mauvaise idée d'être bourreau.

Parfois, HD se transformait en vengeance divine et immanente.  Un principe métaphysique
en action.

Et ce qui expliquait le rôle social de l'homme hurlant, sa participation dans le grand jeu de la vie était une jeune femme nue étendue sur une table d'acier inoxydable. On aurait pu en trouver de semblables dans des salles d'autopsie ou le sous-sol de salon mortuaire. Avec des rebords et des trous pour attirer les fluides corporels.

Cet endroit n'était pas improvisé. Il devait servir souvent et régulièrement et on avait débloqué des budgets afin de l'adapter scientifiquement à son rôle social.

Ce lieu était une machine.

Il y avait donc le bourreau en train d'agoniser interminablement et qui se roulait maintenant à terre en retenant sa tête et ce qui lui restait d'os et de dents. 

Et de langue déchirées comme une tentacule d'éponge rouge. 

Une sorte de mélange pâteux rouge iridescent et qui s'étendait partout.

DANGER 4

_________________________________________________________________ 
DANGER


C'était fascinant. Tous ces gens fascinés qui lui tournaient le dos.

Qui pourrait venir par en arrière ?

À part lui.

Effectivement. Efficacement.

Qu'il élimina avec le M 16 du garde qui fonctionnait parfaitement bien.

Il l'avait vérifié avant de l'amener. L'homme prenait soin de son arme. Ce qui n'était malheureusement ou heureusement - question de point de vue - pas le cas de tout propriétaire d'arme à feu.

Tout en tirant, il fit rapidement le tour d'horizon de la salle.

Il tira le premier coup dans la bouche du premier homme. Et lui fit sauter toutes les dents et la mâchoire - méthode Robespierre - lors du coup d'État de Napoléon. C'était le seul homme qui pouvait empêcher la suite logique des événements. Il fallait donc l'empêcher de parler et de convaincre. Puisqu'il était arrivé au sommet du pouvoir en discutant et convainquant. On avait tué pour lui. On était mort pour lui. Seulement avec un nombre limité de mots. Et quelques idées.

Il devint un visage ravagé de chair sanglante et ne put que hurler tout en saignant et bavant - incapable de parler - et c'est ainsi qu'on l'amena à la guillotine afin de s'en débarrasser enfin. Masse de chair tremblante et hurlante et pensante comprenant que la mort prochaine était la seule chose qui pourrait enfin mettre un terme à ses abominables souffrances. Et qu'il était trop tard pour rien changer. L'homme qui lui avait tiré dessus était déjà là lors de la réunion. Attendant que ceux qui l'avait acheté - pas cher - probablement seulement avec des mots et quelques idées - arrivent enfin. Il fallait empêcher que l'homme de fer retourne la situation en sa faveur comme il l'avait déjà fait.

Et qu'il avait vécu jusqu'à présent - fait tout ce qu'il avait fait jusqu'alors - pour rien. Que tout serait abattu. Effacé.

Et qu'il resterait 3 mots de cette aventure qui avait coûté un roi, une reine, un petit roi et des centaines de milliers de morts.

Les bourgeois qui hériteraient de la monarchie après que le petit peuple ait fait tout le travail - riaient déjà. Mais, entre temps, ils devaient se terrer en attendant que l'orage passe. Un nouvel orage: celui de la Grande Histoire en marche. Le roi abattu. Voilà l'empereur.

Bonaparte et ses amis pouvaient enfin libérer le peuple de ce tyran sanguinaire. Il passerait à l'histoire pour avoir mis fin à la Terreur.

Lorsque dans leur désir de pureté, les plus ardents des révolutionnaires éliminaient les tièdes qui furent leurs complices.

Ceux qui comprenaient qu'ils seraient les suivants de cette marche vers la perfection - qui se fait de cadavres en cadavres - comme à saute-mouton - comme lorsqu'on va de pierre en pierre au travers d'une rivière - se cherchèrent un autre sauveur que le précédent qui serait ou allait devenir leur boucher.

Et le trouvèrent.

Entouré d'amis qu'il sacrifierait bientôt après usage. Il était alors humble et disciple de la raison raisonnable et de la prudence.

Ami de la paix et de la tranquillité.

Il fallait que cesse ce carnage qui engloutissait les meilleurs de la nation.

Ce qui n'était qu'un travail d'amateurs.

Absurde.

Alors que de grandioses massacres permettraient de remodeler la carte de l'Europe et de transformer l'Histoire qui avait été si lente et si prudente à cause des rois qui ne voyaient pas pourquoi ils transmettraient des ruines à leurs fils qui deviendrait propriétaire de leur pays et des habitants.

Mais les flammes et les ruines et les mers de sang enthousiasmeraient les alchimistes nouveaux.

Pour eux la prudence était une vertu surannée alors qu'ils n'attendaient rien du passé. Et que le futur leur rendait tout possible.

Et si tentant.

L'exaltation de transformer la réalité.


Il pourrait enfin, une fois devenu empereur tuer des français par millions.

2.21.2015

DANGER 3


DANGER

Là, il y avait une porte de fer. Avec une poignée de fer à angle droit. Là, derrière, de l'autre côté, il y avait des cris.

Des rires.

Il y avait là des gens qui trouvaient amusant ces cris.

Des implorations.

Le métal creux des parois de la porte transmettait très bien les sons.

D'autres voix. Des spectateurs et spectatrices qui désapprouvaient le spectacle.

On ne peut faire plaisir à tout le monde.

Ces spectateurs changeaient l'idée qu'il avait eu.

Jeter quelques grenades et constater les dégâts.

Il changea donc d'idée et entra doucement - la porte n'était pas barrée - qui allait venir ?

On s'attendait à ce que les prisonniers essaient de fuir.

Comme dans  toute prison.

Et c'est le devoir de tout prisonnier d'essayer de fuir.

Aussi les planificateurs de ce centre et les gardes avaient prévu tout ce qui était nécessaire pour décourager les fuites. 

Mais personne n'avait pensé que de l'aide pouvait venir de l'extérieur.

Parce que la première défense de ce site était son secret.

Tout le monde ignorait son existence.

Sauf les malheureux prisonniers. Ces corps et ces esprits que l'on traitaient par la souffrance.

Et les employés de ce centre qui, comme n'importe quel personnel de prisons, camps de prisonniers, camps de concentration, ne faisaient que leur boulot sans se poser de question - toute question aurait été aussi inutile que contre-productive - comme il est d'usage chez les employés d'abattoir de bétail - sauf que cet abattoir concernait des humains comme gibiers - mais la logique était la même - pourquoi se poser des questions - et c'était aussi bien eux, les autres, qu'eux. 

En attendant de revenir à la maison ou, faute de mieux, à leur dortoir, pour jouer aux cartes.

Il y avait là un certain nombre de gens.

Qui lui tournaient le dos.

Concentré vers le petit corps couleur de pêche rose qui se débattait.

DANGER 2

________________________________________________________________
 DANGER

HD était vivant et en bon ordre de marche. Il fonctionnait parfaitement. 


Tous ses sens en action.


HD descendit les marches de béton qui menaient dans l'intestin du monstre biologique et bureaucratique.


L'odeur s'ajouta à la description. Odeur d'étable et de merde. Merde humaine. Tout à fait différente de celle des poules, cochons, vaches, chevaux.


On gardait des humains en bas.


Et pas dans des conditions d'hygiène légales.


HD vit une ombre.


Mobile.


Un homme. Un garde. 


À cet endroit, ce ne pouvait être qu'un soldat dans son poste de garde. S'il y en avait un, il y en aurait d'autres.


Il s'ennuyait.


On lui avait ordonné de garder ce coin de mur pour empêcher la fuite de prisonniers. Ce qui n'arrivait jamais. 


Et il avait fini par croire que ceci n'arriverait jamais. Ensuite, que ceci ne devait jamais arriver. Et, finalement, agir en conséquence.

État de veille moyenne sous forme de nonchalance semi-hypnotique.

On lui avait ordonné de garder ce coin de mur pour empêcher la fuite de prisonniers. 

Non pour empêcher des hommes de l'extérieur de venir. Ce qui n'était jamais arrivé.

Jusque là.


Erreur.


Le genre d'erreur qu'on ne peut réparer.


Silence


La pointe de la lame traversa son costume et traversa de l'autre côté en passant à travers le coeur.


Silence


Lame à la pointe aiguë et redoutable et au tranchant parfait.


Si fine qu'elle glissa et écarta les fils et la peau sans aucun bruit. Comme si elle faisait parti de ces matières. La seule différence était son mouvement continu droit devant.

Elle glissa sur les os.

Il fallait éviter de la tordre sinon elle pouvait casser. Et ceci ne ferait que ralentir son glissement soyeux.

Il n'y eu aucun son dans les tissus. Celui du dos. Celui de la poitrine. Ni lorsque la lame se glissa entre les côtes de la cage thoracique. Celles du dos. Et celle de la poitrine.


Traversant le coeur de part en part. Entre les côtes du dos et de la poitrine. Comme un oiseau en cage.

Une admirable perfection.


Comme la chair ne fut pas déchirée et écartée ou brutalisée, il n'y eu presque pas d'écoulement de sang.

Sauf que les poumons s'emplirent bientôt de sang - ce qui lui fit manquer d'air - et le sang continuant sa route remonta jusqu'à la bouche où le surplus s'écoula vers l'extérieur.

À ce moment, il était déjà mort ou mourant ou en processus de deuil

HD mit sa main ganté sur la bouche de l'agonisant pour retenir son dernier souffle et son possible dernier cri.


La douleur l'avait paralysé. 


Et le sang cessa d'arriver dans son cerveau.


Avait-il pensé à quelque chose ? 


Le garde mourut dans un réflexe.


Comme un petit animal figé.

200 livres de muscles et d'os supportant des balles et des armes, s'effondrant comme un oreiller de plumes ou de duvet d'oie.

Ensuite, tout alla plus vite, tout son corps s'effondra comme un vêtement lourd dont on aurait retiré le porte-manteau.


Ses genoux plièrent. Ses chevilles aussi.

Et tomba par en avant.


HD retint le corps et l'accompagna dans sa chute de manière à ne pas faire de bruit. Ou pas d'autres sons que celui de la machine à air climatisé quelque part. 


En retenant aussi son arme. Un M 16. Classique. 


Arme neuve. 


Qui disait bien qui était le propriétaire de l'esprit et de la vie de cet homme.


Il prit le pistolet Colt du garde. Une arme neuve. 



COLT SPECIAL COMBAT GOVERNMENT®

Modèle classique 1911 revisité et constamment amélioré.

The Colt M1911 pistol has been a favorite for 100 years as a service pistol, a law enforcement pistol and a personal defense firearm.

Although the pistol is virtually unchanged since its adoption by the U.S. military, Colt has continued to make the best even better.

FLAWLESS CRAFTSMANSHIP

Carrying on its legacy of flawless craftsmanship, the industry leading Colt Custom Shop proudly offers the Special Combat Government Series.

These models offer enthusiasts an opportunity to own a handcrafted 1911 type pistol which incorporates some of the most desired features normally associated with the best 1911 custom gunsmiths.

The Special Combat Government offers superior feel and performance for any type of user. 

Whether carrying it on duty, as a personal defense firearm or straight into competition, these Colts will offer reliability, accuracy and the quality for which Colt has been known for over 175 years.

FEATURES

Fully Adjustable Bomar Style Rear Sight
Novak® Front and Rear Night Sights (O1970CY)
Enhanced Hammer
Extended Ambidextrous Safety Lock
Upswept Beavertail Grip Safety
3-Hole Aluminum Trigger
Lowered and Flared Ejection Port

Canon 5 pouces
Longueur totale 8 1/2'’
Calibre. 45
Chargeur 8 coups
Acier au carbone

Poids 38 onces


Enleva le chargeur et éjecta la dernière balle du bloc-culasse. Déboîta la culasse. Qu'il apporta avec lui. Dans une de ses poches. Avec ses grenades. 

Jeta chargeur et le reste de la carcasse du pistolet sur l'homme mort. Aussi inutilisable l'un que l'autre. 

Chercha un endroit où jeter la carcasse inutilisable de l'homme mort mais ne voyait rien, la laissa sur place. Au risque que quelqu'un le trouve. Mais il n'était pas à un risque près.

Il y avait sur l'homme un radio-émetteur dont on se servait sans doute pour les rapports réguliers - question: à quelles heures ces rapports réguliers - et à quel intervalle de temps ? 

La seconde question suivant la première.

Ne pas laisser de témoins. 


Ou de gardes qui peuvent vous surprendre par derrière


Il aurait été absurde de les assommer - même s'il le pouvait - ou de les ligoter - même s'il le pouvait - ou de les baillonner - même s'il le pouvait. 

Ajoutant d'autres risques à ce qui était déjà risqué.

Pour qu'il appelle à l'aide. Déclenche l'alarme. Se réveille prématurément. Se détache et arrive par en arrière.

Toute chose qu'un mort était absolument dans la totale incapacité de faire.

Ainsi il tua le second garde.

Par en arrière.

Ce qui était le plus simple. Et ce qui devait être fait du fait même de sa simplicité. Organique et logique.

Ces hommes avaient été distraits. Inattentifs. Ce qui avait entraîné leur mort violente et prématurée.

Il se fraya donc un chemin de cadavres. Ne laissant aucun être vivant devant lui ni derrière.

Ni d'armes.


Pour éviter qu'un possible poursuivant arrivant ensuite ne s'en serve.

Ni d'armes fonctionnelles.

Il n'avait pas amené de mitraillette ou d'armes lourdes précisément parce qu'elles étaient lourdes et seraient encombrantes. Il aurait probablement tout ce qu'il fallait sur place. Et n'avait pas eu tort.


Chaque garde était bien armé et constituait à lui-seul un petite boutique d'armes où il n'avait qu'à se servir. 

Le temps de rendre inoffensif les armes de trop le ralentit un peu mais il ne pouvait que procéder ainsi. Sécurisant son territoire. Un espace nouveau après l'autre. 

S'il y avait des grenades, ce qui n'arriva qu'une fois, il dévissa les détonateurs et les jeta devant lui. Il ne restait alors qu'une coquille de métal contenu de la poudre sans importance. 

Un autre garde mourut

Un troisième.

Un quatrième.

Comme le petit  Poucet, il semait des mort.

Si quelqu'un le suivait, il n'aurait qu'à suivre les cadavres.

Cette idée était déplaisante mais il n'avait aucun endroit où les dissimuler.

Et pas le temps de les débiter en morceaux pour les jeter aux corbeaux ou aux chiens si cette idée lui était passée par la tête ce qui n'arriva pas.

HD était profondément réaliste, utilitariste. 

Après tout, ces hommes n'auraient pas du être là. Voir ce qui se passait là. Ou y participer.

Du fait même de leur présence dans cet abominable lieu, ils méritaient la mort.

La simple logique s'abattait sur eux.

Et ils avaient eu la chance d'avoir une mort douce. Presque paisible. Quoique du point de vue d'un regard extérieur: peut-être inesthétique.

HD était la logique en action.

Toute personne qu'il rencontrerait mourrait.

Logiquement.

Ce qu'il cherchait devait se trouver au plus profond de l'intestin de la bête immonde. Au bout d'un certain nombre de gardes assassinés. Plus il y en aurait plus il se rapprocherait du but.

Ce qui s'avéra exact conformément aux prédictions.

Et il trouva.

Plutôt, les cris - plutôt des hurlements - le trouvèrent.

On suppliait. Implorait. Priait. 

Hurlait.

Une voix de femme.

Voix de jeune femme.

Et cette voix cessait de crier pour vomir. S'arracher les tripes.

Et, après un silence, troublant, un long hurlement aiguë de voix de femme.

Obscène.

Pornographique.

C'était parfait. D'une grande perfection.

Il savait maintenant où il allait.

2.20.2015

DANGER 1

_________________________________________________________________
DANGER

La balle traversa l'espace en une fraction de seconde.

920 milles seconde. 3,312  kilomètre seconde. 3,018 pieds seconde.  2,058 mètres seconde.

470,000 joules/kilo énergie cinétique

Tout être vivant, tout organe, espace recouvert de peau, muscle, ligament, tendon, os qui se trouverait sur son chemin serait irrémédiablement endommagé.

Manqua sa cible.

Ce qui était une erreur.

Ricocha sur le mur de béton. Transféra son énergie. La balle brûlante et déformée s'en alla perdre ce qui lui restait d'énergie dans le plafond.

La balle provenant du pistolet de Henry Dickson prit le même chemin en sens inverse. Aussi vite.

Le lumière, Le son. Après.

La balle de plomb qui entre dans le crane. Le cerveau protégé par le crâne. Le cerveau qui n'est plus protégé par le crâne. Qui l'était.

L'air qui entre. Le sang qui sort. L'eau qui sort. Le cerveau qui sort.

La mort